C’est l’idée dans cette série d’un support textuel et photographique comme lien immédiat et comme possibilité « classique » de transmission générationnelle. Tout d'abord le choix du titre Auto publication / Самиздать [samizdat]  se réfère à la passation « sous le manteau » de livres interdits pendant l’époque soviétique. Ainsi, à travers l’idée de passation de livres interdits, c’est aussi celle d'une transmission qui se fait « quand même » dans le sens où malgré la répression de la culture, celle-ci parvenait à traverser ces barrières et à atteindre les foules même au-delà des frontières du pays. Ma famille, immigrée donc en France, détenait à l’époque divers samizdat, ainsi que des publications étrangères57 d’auteurs russes exilés ou censurés en URSS, ou encore des recueils de prières. À travers eux, c’est alors l’expression d’une volonté coûte que coûte de contact qui est figurée, de ne pas rompre le lien.La photographie, quand à elle, se réfère à une transmission plus « classique » : on garde les photos de nos proches, on les encadre où on les place dans un album, pour répertorier la mémoire. Il est intéressant de comparer également les photos encadrées à des objets presque rituels, dans le sens où généralement ces photos sont positionnées sur un meuble, une cheminée, etc. un espace un peu surélevé et à l’écart, mais toujours à portée de vue tel un autel. Les photos sont d’ailleurs ce qui se transmet le plus et ce qui demeure le plus dans les familles, car elles sont l’expression directe d’un lien affectif en rapport à l’image et par elle, le souvenir. Ainsi, les moulages de ces objets et de ces corps sont comme des hommages rendus à ces moments et ces bribes de mémoire qui ont traversé le temps et dont on garde jalousement la trace en « statufiant » ces instants aussi bien mentalement qu’à travers l’épreuve en plâtre. On tente de figer cette mémoire afin de pouvoir la « revivre » à volonté et surtout en conserver la trace palpable.