Conclusion du dossier de 40 pages :
Pour récapituler, le quartier des Bourderies est situé entre Bellevue et Chantenay, deux grands quartiers qui concentrent des polarités importantes dont la majorité des équipements. Cela résulte pour les Bourderies d’un manque d’identité forte. On parle en effet de « micro quartier ».
Ce quartier est marqué par les différentes phases de logements sociaux, allant des HBM des années 1930 au Grands Ensembles des années 1960 en passant par les cités de relogement des années 1950. Le manque d’une planification de l’ensemble du quartier aboutit à une hétérogénéité de typologies de logements et à des espaces publics inter-îlots inutilisés car leurs usages ne sont pas définis. Les seules appropriations viennent des jeunes, qui sont alors stigmatisés dans ces espaces.
Pour répondre à ce sentiment global de manque d’identité et de désorganisation, mais aussi pour répondre à l’urgence de la vétusté des logements, Nantes Métropole Habitat va mettre en place un plan de renouvellement urbain en partenariat avec l’agence d’urbanisme Forma 6. Il va consister en une diversification des typologies en faveur de la mixité. La question des espaces publics va être abordée selon l’angle de la résidentialisation en redéfinissant les fonctions des espaces extérieurs et en retravaillant les circulations -afin de les fluidifier- et l’accessibilité aux logements.
Concernant les opérations étudiées, nous sommes partis du constat d’anciens pavillons vétustes, rue du Fer à Cheval, identiques et standardisés, avec une organisation intérieure dont la fonctionnalité ne correspond plus à notre époque. Cependant, ils présentent une appropriation importante des espaces extérieurs de jardin, où les familles se réunissaient. Ces pavillons étaient habités, pour la plupart, par des gens présents depuis 50 ans sur le quartier. Ces derniers avaient développé une vie communautaire forte et l’annonce de leurs relogements les a bouleversés. Les habitants ont donc mobilisés la presse et les politiques afin de revendiquer leurs attachements au lieu.
Les acteurs du relogement et de la transformation du quartiers ont joué un rôle essentiel pour accompagner les habitants dans le passage à un nouveau logement, en faveur de leur attachement aux Bourderies. Ils les ont aidé à recueillir la mémoire du quartier et à faire le deuil de leurs anciens logements, certains y sont mieux parvenus que d’autres. Le changement de leur mode de vie leur a demandé de prendre ou reprendre leurs marques, mais tout en gardant les contacts forts existant toujours entre eux.
Concernant les nouveaux logements, la réponse des architectes inclue des enjeux contemporains. Il s’agit de prendre en compte la dimension environnementale, grâce à l’utilisation de matériaux prévus pour durer et la présence de panneaux solaires. Les autres enjeux sont d’ordre esthétique, ou concernent l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et la mise aux normes des logements. Les plans permettent de cadrer les appropriations des pièces, et prennent en compte des modes d’habiter de la population initialement sur place. Cette prise en compte des modes d’habiter découle de la mobilisation des habitants de la rue du Fer à Cheval, qui ont négocié les conditions de leur relogement. Aujourd’hui, les habitants relogés commencent à reprendre leurs marques, tout en gardant une grande nostalgie de leur vie d’avant
