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Chaka Boum, Nymphe.

Le titre de cette exposition est le résultat d’une erreur : chaka boum n’existe pas.
Du moins pas réellement sous cette forme. Google conseille « boum chaka » et d’autres déclinaisons de ces deux sonorités. Au départ était l’envie de s’inspirer de l’introduction d’une reprise de « Besame Mucho » par les Beatles mais, après une écoute plus attentive, on peut se rendre compte que les paroles exactes sont « CHA-CHA Boum », toujours pas « chaka boum ». 
 
La formule originale serait : Boom Shakalaka, expression issue d’un langage urbain, métisse, (selon les premières sources sur le net il s’agit de jargon issu de la culture du basket). 
Suite à une discussion avec les artistes ce titre/erreur a finalement été retenu, pour sa sonorité, mais aussi parce qu’il ne veut rien dire et peut tout dire. 
Un mot valise, comme on en trouve souvent. A la différence d’autres mots « fourre-tout » Chaka Boum, par sa nature, ne renvoie pas à un ensemble de concepts prémâchés : il est d’origine non-controlée. 
 
C’est cette absence d’origine qui est ici intéressante et qui permet d’ouvrir la réflexion sur l’exposition ainsi que sur les travaux présentés. Il devient ainsi une sonorité qui engendre l’exposition, son énergie, sa logique : Chaka Boum est un micro Bing Bang qui provoque un départ pour commencer l’itinéraire thématique de l’exposition. C’est une valise vide à remplir avec l’expérience que chacun fera des œuvres présentées à espace libre. 
 
Chaka Boum est un clap, un son, il annonce la création artistique qui avance par tentatives, qui produit des erreurs, qui prennent un sens inattendu, et sont finalement retenues pour décrire le processus de la mise en œuvre. Son essence indéfinissable renvoie à la recherche esthétique, peut-être aussi au désir d’élargir le champ des possibles. Chaka Boum ne cherche pas à se formuler comme une « tabula rasa », tout en esquivant la fascination d’une origine nostalgique, fascinée et fascinante. 
 
Les oeuvres des artistes se faufilent dans des interstices qui refusent de suivre une tradition à la lettre, mais ne cherchent pas non plus à l’effacer. C’est un Chaka Boum, une formule qui naît d’une erreur par rapport à une expression qui existe déjà, l’évoque, la fausse et l’éclate pour l’amener dans un nouveau territoire. 
 
« Les limites de mon langage signifient 
les limites de mon propre monde »
 
En s’inspirant de cette citation du philosophe Wittgenstein, « Chaka boum » illustre cette volonté de repousser ses propres limites, de chercher de nouveaux mots pour étendre la manière de décrire et de vivre le monde (de l’art). 
Chaka Boum, Nymphe.
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Chaka Boum, Nymphe.

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